في أعمدة الصحافة

Contribution du mouvement scout au développement et au renforcement de la culture de la paix
D’innombrables voix marquées d’humanisme se sont élevées, à travers des associations et organisations diverses, pour s’indigner des conflits et des guerres qui déchirent l’humanité et les dangers qui, de plus en plus, menacent son intégrité et son essence. Elles ont prôné le dialogue entre les cultures et les civilisations et la co-existence pacifique comme garant de développement, de stabilité et de bien-être.

Afin de donner plus d’ampleur, de force et de légitimité à leur appel, ces voix ont fait de la date du 21 septembre de chaque année une journée mondiale pour la paix.
Vu l’authenticité de ses principes, la grandeur de ses valeurs, le nombre de ses objectifs et l’ambition de son fondateur, ainsi que la richesse de son expérience, le mouvement scout est au fronton de ces organisations ayant joué un rôle de premier plan dans ce contexte.
Tenant compte de cette vérité et à l’occasion de la célébration du centenaire du mouvement scout mondial (1907-2007), nous jugeons bon d’examiner l’esprit qui présidait à la démarche de son fondateur, Lord Baden-Powell, et de mettre en lumière le rôle qu’il a rempli dans la diffusion de la culture de la paix.
Interrogé sur les raisons de sa démission, en 1910, du service militaire anglais, alors qu’il était à l’apogée de sa notoriété, Baden-Powell a répondu ce qui suit : «A la fin de ma carrière militaire, je me mis à l’œuvre pour transformer ce qui était un art d’apprendre aux hommes de faire la guerre, en un art d’apprendre aux jeunes à faire la paix. Le scoutisme n’a rien de commun avec les principes militaires».
Et quand, en 1907, Baden-Powell est rentré à Londres, il a fait son camp historique sur l’Ile de «Brownsea», et, une année après, il a publié son livre célèbre, Scoutisme pour les jeunes, où il a développé ses brillantes idées concernant le mouvement scout dont le but primordial est surtout d’inculquer aux jeunes les lumineuses valeurs de la paix, de la fraternité et de la solidarité, de l’amour du Bien et du dévouement aux autres.
Afin de mieux diffuser ses idées nobles et encourager la création d’associations scoutes, Baden-Powell a entrepris, en 1912, une tournée à travers le monde au cours de laquelle il a noué des contacts avec des hommes de bonne volonté et a donné des conférences partout.
Et c’est en 1920 que son grand rêve s’est enfin réalisé, quand il a alors pu rassembler, à Londres, près de six mille boyscouts venant de vingt six pays, appartenant à différentes races, parlant différentes langues et se proclamant de différentes religions. Mais l’avantage de ce rassemblement international de grande envergure, appelé «Jamboree», était aussi de faire porter à tout le monde le même uniforme, d’apprendre à tout le monde le même salut et de mettre tout le monde d’accord sur la même promesse collective, celle de la paix, de la fraternité, et celle de servir autrui, concrétisant ainsi le slogan : un monde, une promesse.
Et en dépit des deux guerres mondiales qui se sont déclarées, la première en (1914-1918) et la deuxième (1939-1945), le mouvement scout a pu prospérer et augmenter le nombre des adhérents.
Et quand, en 1937, il a assisté en Hollande, à son dernier jamboree, s’adressant aux nombreux participants, Baden-Powell leur a dit : «Vous êtes tous appelés à instaurer les valeurs de la fraternité et de l’amitié parmi les scouts et partout dans toutes les patries».
Ainsi donc a eu lieu l’avènement du mouvement scout pour réaliser son objectif suprême qui est de prôner les valeurs de l’amour, de l’entraide, au service de l’humanité et de l’instauration parmi les scouts de la culture de la paix.
Et ce sont précisément ces valeurs-là qui ont permis à ce mouvement de prospérer d’une année à l’autre et de résister durant tout un siècle, malgré les entraves et les difficultés sur lesquelles il a buté. De ses six mille premiers adhèrents, ce mouvement est passé vite à vingt-huit millions d’adhérents, tous nourris de ses valeurs, comme d’ailleurs près d’un demi-milliard de personnes qui y adhèrent tout au long de son existence.
Pour terminer, nous espérons que les efforts des scouts dans le monde durant tout un siècle porteront leurs fruits et seront couronnés par l’obtention du prix Nobel de la paix, vu les sacrifices qu’ils ont consentis pour favoriser la paix parmi les hommes et rapprocher les peuples les uns des autres.
Espérons que l’obtention, vivement souhaitée, de ce prix sera pour le mouvement scout une motivation de plus pour redoubler d’efforts et consacrer davantage les valeurs de paix et d’amitié et repousser l’esprit de violence d’où qu’il vienne, afin que le monde devienne plus viable et plus beau.
Et souvenons-nous, pour finir, de cette judicieuse parole de Baden-Powell qui, en 1920, en clôturant son premier jamboree, disait que : «La guerre nous a appris que si une nation cherche à imposer sa volonté égoïste aux autres, il est inévitable qu’une réaction cruelle s’ensuive. Le jamboree nous a appris que si nous pratiquons la patience réciproque et si nous sommes ouverts à l’échange avec les autres, la sympathie et l’harmonie s’installent naturellement parmi nous».

Mohamed Daouas
(Chef scout-Groupe d’Hammam-Sousse)